Une envie irrépressible et d’apparition brutale d’uriner ? Des mictions fréquentes avec des petites quantités ? Des fuites urinaires parfois associées ?
Ne cherchez plus ! Comme 14% des femmes françaises, vous souffrez peut-être d’hyperactivité vésicale. Vous n’avez jamais entendu parler de cela ?
Le Docteur Dimitri GAMBACHIDZE, chirurgien urologue exerçant au sein du Centre d’Urologie et d’Andrologie de Paris, vous explique ce syndrome pouvant entrainer une répercussion majeure sur votre vie sociale, professionnelle et familiale.
Plus d’inquiétude, des solutions existent !
QU’EST-CE QUE L’HYPERACTIVITÉ VÉSICALE ET QUELS EN SONT LES SYMPTÔMES ?
Le syndrome clinique d’hyperactivité vésicale est défini par la survenue d’envie soudaine d’uriner (urgenturie) avec ou sans fuite urinaire. Habituellement associée à une augmentation des fréquences des mictions (pollakiurie), en l’absence d’infection urinaire ou de pathologie locale évidente (tumeur, infection, calcul…)
L’HYPERACTIVITÉ VÉSICALE EST-ELLE UNE PATHOLOGIE FRÉQUENTE ?
Oui. En France, on estime que 15% de la population générale présente une hyperactivité vésicale avec une prédominance chez la femme.
Ce syndrome augmente avec l’âge et près de 20% des femmes des plus de 65 ans présente cette pathologie. Paradoxalement, seulement un tiers des patientes présentant ces symptômes, décide de consulter un urologue.
COMMENT APPARAIT UN SYNDROME D’HYPERACTIVITÉ VÉSICALE ?
L’origine est complexe et résulte de 4 mécanismes :
– Un dysfonctionnement du muscle de la vessie ;
– Une altération de la muqueuse tapissant la vessie ;
– Une origine neurologique ;
– Et une modification du microbiote urinaire.
Parallèlement, il est à noter que l’ensemble des mécanismes physiopathologiques décrits ci-dessus est favorisé par différentes situations cliniques que sont le vieillissement, l’ischémie, le syndrome métabolique (diabète, obésité, hypertension, hypercholestérolémie), la ménopause et le dysfonctionnement des muscles du périnée.
De plus, d’autres pathologies féminines peuvent entraîner une hyperactivité vésicale telle qu’un prolapsus urogénital (descente d’organe), une incontinence urinaire à l’effort, un syndrome génito-urinaire de la ménopause, ou bien une chirurgie gynécologique.
COMMENT ÉVALUE-T-ON UNE HYPERACTIVITÉ DE LA VESSIE ?
Le recueil précis de l’histoire et l’évaluation des symptômes est la première étape de l’évaluation. En outre, la recherche de facteurs favorisants (mode de vie, habitudes de consommation de boissons, tabagisme, alimentation, profession, stress) l’élimination de causes urologiques (tumeur, calcul, prolapsus, antécédent de chirurgie gynécologique…) et l’expérience de contre-indications thérapeutiques, sont essentielles.
L’examen clinique et le calendrier mictionnel d’une durée de 3 à 7 jours font partie de l’évaluation initiale. Les auto-questionnaires validés en français mesurent la gêne ressentie par la patiente et l’impact sur la qualité de vie.
La bandelette urinaire et l’examen cytobactériologique des urines permettent d’éliminer une infection urinaire. La cytologie urinaire et la cystoscopie cherchent une tumeur de vessie en cas de contexte évocateur.
La mesure du résidu après miction évalue un trouble de vidange de la vessie. Le bilan urodynamique et les examens d’imagerie sont des examens de 2 e intentions
QUELLES SOLUTIONS POUR TRAITER UNE HYPERACTIVITÉ DE LA VESSIE ?
En 1ʳᵉ intention, nous proposons des méthodes naturelles et non invasives, afin de mieux réguler et contrôler sa vessie.
Les traitements comportementaux reposent sur l’entraînement vésical et la reprogrammation des mictions en se fondant sur le catalogue mictionnel.
Des mesures hygiéno-diététiques doivent être proposées. Elles incluent la diminution des apports hydriques, de la consommation de caféine, de sodas, la perte de poids, l’éviction de jus de fruits acides et d’une alimentation salée, épicée et acide, l’alcalinisation des urines par régime et éventuellement, une supplémentation en vitamine D.
La rééducation périnéale par kinésithérapie repose principalement sur les techniques manuelles, l’électrostimulation et/ou le biofeedback. Elle a montré son efficacité dans le traitement de l’hyperactivité de vessie.
Ensuite viennent les traitements médicamenteux : chez la femme ménopausée, l’hormonothérapie locale permet d’améliorer l’ensemble des symptômes. Les traitements médicamenteux oraux incluent les anticholinergiques et les bêta-3-agonistes (mirabégron).
En cas d’échec de ces traitements non invasifs, on parle alors d' »hyperactivité vésicale réfractaire ». On passe alors au traitement de 2 e intention :
Actuellement, le traitement du syndrome clinique d’hyperactivité vésicale réfractaire repose sur la stimulation du nerf tibial antérieur, qu’elle se fasse par voie percutanée ou transcutanée, la neuromodulation sacrée et les injections intra détrusoriennes de toxine botulique (Botox).
QU’EST-CE- LA NEUROMODULATION DES RACINES SACRÉES ?
Développée à la fin des années 1980, la neuromodulation sacrée a été longtemps le seul traitement conservateur de l’hyperactivité vésicale réfractaire. On pourrait comparer cela à une sorte de « pacemaker de vessie ».
Une électrode quadripolaire est placée sous contrôle radioscopique au contact de la troisième racine sacrée et est reliée à un boîtier de stimulation.
L’implantation se faisant en deux temps avec une phase test puis une phase d’implantation, le stimulateur initialement est externe et si le test est considéré comme positif, un stimulateur est placé en sous-cutané juste au-dessus de la fesse et ne se voit pas.
Les deux interventions (phase test et phase d’implantation) durent environ 1h chacune, sous anesthésie générale et sont séparées de 15 jours.
NEUROMODULATION SACRÉE
On estime qu’il faut une amélioration de 50% des symptômes et de la qualité de vie pour pouvoir implanter irrévocablement le boitier.
Les complications des deux interventions sont exceptionnelles (hématome, infection du boitier, douleur chronique) et l’efficacité est estimée de 70 à 80%.
Depuis l’introduction de la neuromodulation sacrée, les dispositifs ont largement évolué aussi bien concernant le boîtier de stimulation que l’électrode.
Ainsi, les boîtiers sont aujourd’hui de plus petite taille et évoluent vers des systèmes rechargeables évitant des changements trop fréquents (15 ans en moyenne). L’électrode a également évolué avec aujourd’hui des électrodes IRM compatibles.
Aujourd’hui, deux dispositifs sont disponibles en France : celui développé par Medtronic® et celui d’Axonics®.
Le mécanisme d’action de la neuromodulation reste aujourd’hui largement méconnu. L’hypothèse la plus fréquemment rapportée est un effet médullaire soit par l’intermédiaire d’interneurones, soit par un remodelage neuronal. Un effet direct sur les voies innervant les organes pelviens a aussi été évoqué.
QU’EST-CE-QUE LES INJECTIONS DE TOXINES BOTULIQUES (BOTOX) DANS LA VESSIE ?
Les injections de Botox dans la vessie pour l’hyperactivité de vessie réfractaire ont été proposées pour la première fois au milieu des années 2000. Aujourd’hui, seule la toxine botulique A Botox® (Allergan, Irvine, USA), a une autorisation de mise sur le marché en France (AMM) dans cette indication.
Cette dernière stipule qu’il s’agit d’un traitement de l’hyperactivité vésicale associée à des symptômes dont 3 épisodes d’incontinence urinaire avec urgenturie (envie soudaine) sur 3 jours et une fréquence urinaire définie par un nombre de mictions supérieur ou égal à 8 par jour, et ne répondant pas de manière adéquate aux anticholinergiques (après 3 mois de traitement) ou intolérant aux traitements anticholinergiques et ne répondant pas à la kinésithérapie bien conduite.
Le Botox réduit les contractions incontrôlées de la vessie et diminue le besoin urgent en agissant sur des terminaisons nerveuses contenues dans la paroi. Les fuites d’urines et les envies urgentes sont ainsi supprimées ou considérablement modérées.
L’effet du Botox débute de deux à 10 jours après l’injection.
Elle agit temporairement pendant en moyenne de six à neuf mois. Il existe cependant des variations d’efficacité d’un patient à un autre.
Lorsque l’effet disparait, on peut réinjecter cette toxine autant de fois que nécessaire en respectant un intervalle entre les interventions, soit de trois mois entre deux injections.
Elle est très bien tolérée par les patients puisque l’intervention dure environ 15 minutes, le plus souvent fait sous sédation légère ou sous anesthésie locale et avec des complications (infections, hématurie, douleurs) exceptionnelles.
Néanmoins, comme la vessie est « paralysée », il y a un risque de rétention aiguë d’urine constamment réversible, mais qui peut nécessiter des sondages évacuateurs de la vessie de manière transitoire.
COMMENT SE DÉCIDE LE TRAITEMENT ?
TRAITEMENT ENVIES SOUDAINES ET FRÉQUENTES D’URINER-CENTRE D’UROLOGIE ET D’ANDROLOGIE DE PARIS
Le plus souvent, comme il s’agit de dossier complexe, celui-ci est discuté et validé en Réunion de Concertation Pluridisciplinaire associant urologue, gynécologue, kinésithérapeute, médecin de la douleur et neurochirurgien.
Article rédigé par le Docteur Dimitri Gambachidze (docteurgambachidze@urologieparisouest.com)
Dans une démarche de simplification, nous vous présentons ces pathologies d’une manière claire et complète. Les informations publiées ici sont simultanément issues des connaissances actuelles validées par le monde médical, ainsi que de l’expérience de leur auteur.
Les propos sont uniquement informatifs et ne peuvent pas prétendre à une exhaustivité parfaite. À ce titre, rien ne peut se substituer à l’entretien particulier que vous aurez avec votre chirurgien.
La consultation est irremplaçable, et son importance réside dans l’étude des spécificités de chaque femme face aux pathologies gynécologiques.
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